Edito #1 : Une industrie française vacillante

Un édito sur paduction.com ?
Oui, il arrive un petit peu en retard, je vous l’accorde mais c’est le geste qui compte il paraît. Je trouve intéressant de pouvoir faire le point chaque mois sur l’actualité du jeu vidéo et ce qui l’entoure. Sorte de synthèse mensuelle ou de déblatérations absurdes quant à l’avenir du marché vidéoludique, cet édito se voudra somme toute assez personnel, un peu comme ce site au final.

La période de disette ludique frappe de plein fouet les joueurs que nous sommes chaque année à la même période, alors que le soleil règne en maître sur nos journées (surtout dans le sud bien sur !). Pas de grosse sortie durant 2 mois, pas de hit absolu immanquable à tester en quelques jours, pas de stress particulier pour le pseudo journaliste/blogueur que je suis. Au-delà de ça, l’été est une nécessité pour nous, joueurs. Faut être honnête, je ne peux pas, et là je parle surtout pour moi, terminer l’intégralité des jeux que je vous présente avec bonheur chaque semaine.
Difficile d’allouer le temps nécessaire et suffisant pour arriver au bout d’une aventure chronophage à souhait. Je pense aux jeux un petit peu plus open world que la moyenne, par exemple Far Cry 3, Minecraft, Need for Speed Most Wanted ou même encore l’excellent The Last of Us qui mérite une attention toute particulière pour être apprécié à 100%. La période estivale est aussi l’occasion de partir loin de tout, loin du PC/Mac, loin du site et de toute connexion mais toujours avec une console portable dans la poche, histoire, là aussi, de pouvoir rattraper le retard accumulé sur les tests écrits que je souhaite réaliser sur Paduction.com pour la console portable de Sony. Retrouver le sens du terme « nomade », quelque part.

L’industrie dans tout ça ?
Aujourd’hui, l’économie souffre et peine à retrouver ses forces d’antant, surtout dans le domaine du jeu vidéo. Mes amis, mes collègues, mes connaissances peinent à se sortir d’un gigantesque gouffre mené par une politique qui défèque allègrement sur le pôle créatif de son pays. Les plus grands studios français suffoquent de charges sociétaires, d’impôts et dépérissent dans l’abîme d’une France qui a du mal à retrouver son blason de l’époque. Nos créatifs s’échappent et nos talents préfèrent s’exporter vers des pays et des sociétés qui ont définitivement compris que le jeu vidéo, premier média dans le monde devant le cinéma, est une fantastique source de revenu quand on veut bien y mettre les moyens.

Loin de moi l’idée de faire de la politique sur Paduction.com, mais force est de constater que le jeu vidéo français traverse une mauvaise période. Ubisoft (Rayman) à Montpellier ou encore Ivory Tower (The Crew) à Lyon notamment, laissent à penser que tout n’est pas perdu pour notre industrie française, et même que l’avenir se fera avec des talents bouffeurs de Camembert,  en tout cas je l’espère.

J’affiche là un tableau un peu noir de ce qui se passe en France, mais il est important que les gamers que nous sommes soient bien au courant de ce qui se passe derrière le rideau des oeuvres qui nous font tant rêver.
Pendant que Microsoft ou Sony dépensent des millions en communication pour dire : « Ma console, c’est elle qui a la plus grosse ! », les petits studios qui font et ont fait des jeux pour ces construteurs crèvent peu à peu la bouche ouverte comme une truite déséchée en plein desert du Sahel…

Ne prenons pas tout de suite la corde pour se pendre. J’ose croire à un avenir radieux, tant pour les joueurs que pour les concepteurs. La demande n’a jamais été aussi forte et ça ne va pas s’arrêter là avec l’arrivée des Xbox One et autre PlayStation 4 mais aussi des supports mobiles toujours en pleine croissance.

Qu’on se le dise, la rentrée promet d’être magistrale pour l’industrie et Noël laisse entrevoir de l’exceptionnel. Le passage à cette nouvelle génération de consoles ne se fera pas sans douleur, Microsoft en a déjà fait les frais avec sa politique de connexion permanente et de DRM. Une simple petite phrase qui aurait pu couler toute une économie parallèle. Supprimer l’occasion, c’est tout d’abord dire haut et fort « chers joueurs, nous souhaitons vous prendre le plus de pognon possible. Chers revendeurs, changez de boulot ! ». Il faut bien vous dire une chose, le petit revendeur du coin, et même Micromania pour ne citer que le plus grand, ne tiennent que parce que l’occasion existe. Ca emmerde profondément Microsoft, Sony et Nintendo qui ne touchent pas un seul centime quand vous revendez votre jeu à quelqu’un…
Difficile pour un constructeur de perdre un marché qui pourrait rapporter des milliards, mais s’attirer la foudre des gamers est certainement la pire des choses, d’où le revirement soudain de la firme de Redmond.

A méditer ou pas, mais au final, le grand gagnant de toutes ces pontes de l’industrie du divertissement multimédia sera certainement celui qui ne prendra plus le joueur pour le dernier des cons…

5 réflexions sur « Edito #1 : Une industrie française vacillante »

  1. wander

    Et bien un très bon édito ma foi ! Pourtant je suis loin d'être le dernier pour râler. Il est vrai que l'industrie du JV en France est dans une mauvaise passe et que la fuite des cerveaux, comme on dit, est de plus en plus vaste, j'en sais quelque chose.

    Un régime fiscal un poil moins sévère et des aides mieux répartis pourraient aider grandement (comme nos cousins québécois par exemple). Il y a aussi un problème de reconnaissance. Le jeu vidéo en France reste considéré comme un art pauvre et une industrie qui ne mérite pas ou peu de soutien alors que les talents sont nombreux et les pays voisins ne s'y trompent pas en débauchant ici.

    Certains studios sont tout de même courageux et arrivent a sortir des titres de qualités (hors le géant Ubisoft évidemment; Amplitude Studio pour Endless Space par exemple) mais d'autres ont du mettre la clé sous la porte (les super gars de chez Arkedo). Le problème est bien plus complexe et vaste que cela et il y aura énormément a dire mais c'est toujours bien d'avoir des éditos et une presse qui parle de ça de temps en temps (plutot que d'annoncer la date du teaser du trailer de x blockbuster) !

  2. Sonata_Gnutr

    Et puis les blockbuster sont de plus en plus orienté (si ce n'est pas quasiment orienté) pour les casuals Gamers, toujours plus facile, toujours plus assisté (FF 13, Deux Ex…), toujours les même graphismes et les mêmes scénarios style on reprend les même et on recommence (la série des Call of Duty, Assassin Creed (dsl) ).

    En fait, les gros studios nous vendent des DLC et nous font croire à des tout nouveau jeux et nous pauvres con(sommateurs) on achète… (hum…)

    Bref, je passe régulièrement par Steam et sa rubrique jeux indépendants et son système Greenlight pour essayer de soutenir certains studios et leurs jeux qui méritent d'être connus, Endless space par Amplitude Studio ou bien War Logs par le studio Spider…

  3. Vaa

    Ce qui touche la France est valable dans la plupart des pays autres que les Etats-Unis et le Japon (et dans une moindre mesure l'Angleterre). Vous connaissez beaucoup de studios allemands à part Crytek ? De studios espagnols à part MercurySteam ? De studios polonais à part CDProjekt ? Je trouve même que la France s'en sort bien par rapport au reste de l'Europe avec plusieurs studios qui font parler d'eux sur la scène internationale (Ubi, DontNod, Quantic Dream, Nadeo, Arkane…). On est loin d'être les derniers je pense !

  4. rayane31

    On est loin d'être les derniers c'est sûr. Mais, par exemple, pour Ubi, la plupart de ses studios se situent hors de France. C'est un réel problème puisque la mention "Made in France" se révéle à moitié vraie seulement.

  5. Wander

    Des studios allemands il y a en beaucoup. Beaucoup plus qu'en france. Regarde juste en jeu d'aventure et en jeu PC. La Pologne a aussi People Can Fly et un autre studio de chez Epic, sans compter pas mal de studio de taille moyenne. Je ne parle pas non plus de la Hongrie qui arrive avec de très gros jeux (Paradox Interactive et autres). La ou c'est croissant la-bas, ici on est dans la courbe inverse. Et pour Arkane et Ubi, quand la moitier de la prod est au Canada et au Texas, c'est un peu image de marque que de dire made in France.

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